la plante en ville 15 – promenade avec une feuille

21 septembre 2023

Une nouvelle plante en ville est allée se promener sous le soleil de ce jour. Marché en direction est sur Roy, puis nord à Laval; croisé deux chats, deux sourires et un petit ricanement par derrière moi.
Tourné à droite sur la rue Duluth jusqu’au boulevard Saint-Laurent que nous avons pris vers le nord. Avant Marie-Anne, traversé en biais le parc des portugais. Parmi les occupants heureux, un monsieur qui m’approuve ouvertement de derrière le pavillon et me lance à haute voix : « C’est vraiment bien cela, j’aime ça. Merci beaucoup madame! » Du croisement de rue Saint-Dominique, marché jusqu’au dépôt du Chaînon. La feuille fut posée sur une chaise de bois tressée en babiche et cachée près de la clôture en fer grillagée. Elle a trouvé place auprès d’autres feuillages dans une communauté d’amies végétales.

Pour voir le trajet sur un plan de la ville : https://www.google.com/maps/d/edit?mid=1oXkWnY0l-P-cxv0Kn93r0_nLWDI&usp=sharing

la plante en ville 14 ~ promenade avec une feuille

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est img_3158-edited.jpg

Le 2 avril 2023, une feuille est partie pour une quatorzième promenade, cette fois vers la montagne pour aller orner le pavillon Mordecai-Richler dans le parc du Mont-Royal. Nous sommes remontées par la rue Laval, avons tourné à gauche sur Duluth. Dans le parc il ventait très fort et la lumière éblouissait. Du pavillon Mordecai-Richler, la feuille avait vue sur le centre-ville. Là, elle battait pavillon de toutes ses couleurs en l’honneur de Gaia.

la plante en ville 13 ~ promenade avec une feuille

Une nouvelle promenade a eu lieu vendredi le 9 décembre 2022, vers 17h00

Nous avons marché sur la rue Roy en direction est, et avons tourné au sud sur la rue Saint-Denis. Il faisait froid et humide. La feuille avait déjà un peu fané et tourné au brun. Ce froid et la nuit allait l’éprouver un peu plus. Elle fut déposée sur le genou droit du Malheureux Magnifique(1) qui l’abritera en attendant que le ciel lui tombe sur la tête.

(1) Œuvre d’art publique Le Malheureux Magnifique de Pierre Yves Angers, 1972.

40e Symposium d’art contemporain de Baie-Saint-Paul

Pendant tout le mois d’août 2022, j’ai fait partie des 13 artistes du Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul, sous la direction artistique de Anne Beauchemin. À l’occasion de cette 40e édition intitulée Connecté-Interconnecté : le monde numérique en question, j’ai réalisé une œuvre puisée à diverses sources sonores présentes à Baie-Saint-Paul pour créer un trajet sonore à parcourir, en perpétuel changement et en écho aux multitudes de résonances dont vibre ce territoire.

During August 2022, I was one of the 13 artists taking part of the International Symposium of Contemporary Art of Baie-Saint-Paul, under the artistic direction of Anne Beauchemin. This 40th edition was entitled Connected-Interconnected: The Digital World in Question. I produced a work drawn from the sound sources present in Baie-Saint-Paul to create a sound journey in perpetual change and reconfiguration, echoing the multitudes of resonances that vibrate this territory. In this groping search, I looked for a possible residual « sound resonance » from the gigantic explosion that once created the landscape that we now call Charlevoix.

https://symposiumbsp.com/fr

https://symposiumbsp.com/en

Fond de Rayonnement Sonore

Dans ce travail de captation sonore, en écoute et en tâtonnements, j’ai cherché un possible fond de « rayonnement sonore » de la gigantesque déflagration qui créa jadis le paysage que l’on appelle aujourd’hui Charlevoix. À l’affut de potentielles connections avec ce « rayonnement de fond sonore » résiduel, à même les matérialités, les éléments géologiques et la communauté humaine qui se rencontrent à Baie-Saint-Paul, des sons ont été captés à l’aide de micros variés. Ils ont ensuite été fragmentés, déplacés, étirés, condensés et recollés au montage sonore en différentes compositions. Dans l’espace de diffusion, des haut-parleurs à vue et dissimulés, positionnés selon diverses zones d’écoute, proposaient une expérience sonore appelée à changer continuellement dû à la diversité des compositions de différentes durées, qui en jouant indépendamment et simultanément créaient de constants réagencements.

Si à certains moments la composition apporte des indices sur la provenance du son enregistré, ailleurs tout repère narratif ou d’images associées se déconstruit en de multiples chronologies sonores. L’œuvre invite à parcourir à sa guise les différentes zones sonores et la perméabilité des compositions qui se rencontrent, pour en cartographier l’espace au moyen soit de mots, de lignes, de signes, de gestes ou par de nouveaux sons.

Installation sonore TRAme TRAjet TRAce

À la Salle d’expérimentation de Hexagram-UQAM située au Pavillon des Sciences
biologiques (SB), au 141 Av. du Président-Kennedy, Montréal, local SB-4105 (4e étage). du 14 au 20 novembre 2021, de midi à 17h.

la plante en ville 12 ~ promenade avec une feuille

Le 29 septembre 2021, deux feuilles ont été coupées et transportées vers le quartier des spectacles. La promenade nous a menées d’abord vers le Cœur des Sciences de l’UQAM, où je me rendais régulièrement pendant cette période d’élaboration intense de mon projet de maîtrise. Au cœur du quadrilatère formé par l’Avenue du Président-Kennedy, les rues Sherbrooke, Saint-Urbain et Sainte-Famille, un petit village de pavillons universitaires entourent un espace verdoyant l’été. J’ai déposé une première feuille à cet endroit où des compagnes verdoyantes ont accueilli la nouvelles venue. Je me suis ensuite dirigée à deux pas de là, vers un deuxième cœur, celui-là du quartier des spectacles. J’y ai déposée la deuxième feuille qui a pris place avec d’autres verdures dans un bac posé sur la place. Peu de gens ont été témoins, ou n’ont pas accordé d’attention à ce qui se marchait là.

la plante en ville 11 ~ promenade avec deux feuilles

Cette promenade de la plante en ville a eu lieu le 26 août 2017. Lorsque je suis revenue à Montréal après une absence d’un mois, j’ai retrouvé la plante abîmée, des tiges s’étaient affaissées, rendues fragiles par le manque d’eau de la canicule d’été chez moi.
La promenade s’est effectuée sur- et sous terre, en métro. Nous nous sommes dirigées vers le carré Saint-Louis et sommes descendues au métro Sherbrooke. Nous sommes remontées au métro Lionel-Groulx. La promenade s’est terminée au tertre qu’occupe le centre Dare-Dare. Ce samedi-là, avait lieu une Petite Vite: un évènement où des artistes, des commissaires venaient présenter leur démarche, leur pratique ou leur projet en quelques minutes comptées. J’ai découpé des petits morceaux de l’une des feuilles que j’ai distribués à des personnes présentes et j’ai déposé la deuxième à une installation artistique posée sur le site.
Images et mouvements captés par Alain Richard

Diffusion de nouvelles dénominations

Projet PALABRAS SEGURAS

Ma résidence à Centro Negra, à Blanca en Espagne, s’est terminée par la présentation du projet final présenté le 26 mars, aux abords de la rivière Segura. À l’entrée de la ville, huit panneaux noirs peints de lettres blanches qui formaient «PALABRAS»  étaient suspendus aux lampadaires pour être lus dans la perspective de la rue, dans le sens de la circulation automobile, et inversement. D’autres panneaux formant le mot «SEGURAS» étaient installés le long de la promenade face au musée de Blanca mais sur l’envers de ces sept panneaux étaient peints de courts textes que j’avais choisis et qui relataient ma rencontre avec sept personnes que j’avais connues à Blanca. Chacun de ces courts textes décrivait une nouvelle dénomination de rue, ruelle ou place, du nom de la personne auquel il référait. Les panneaux pouvaient être lus par les promeneurs et promeneuses, dans cette petite bourgade où personne n’est inconnu.

CIELO ALGAS

Cielo Algas

Photos: Jair S Méndez

Vendredi le 19 mars 2016, des algues blanches sont apparues dans le ciel de Blanca, en Murcie dans le sud de l’Espagne. Une corde a été tendue sur 180m de distance, au-dessus du précipice entre le Castillo et une antenne située à mi-chemin de la Virgen Blanca. L’artiste Jaïr Mendez m’a accompagnée et il a réussi à photographier le travail tout en retenant la corde au-dessus du vide.  Entre les deux points de fixation situés sur deux élévations, j’ai bataillé entre les buissons-velcro et les aspérités de la montagne pour réussir à tendre le câble.

Friday, March 19, 2016, white algae appeared in the sky of Blanca.
A rope of 180m was to be stretched above the cliff between the Castillo and an antenna located halfway to the Virgen Blanca. I worked with the help of artist Jair Mendez, who managed to photograph the work while still holding the rope halfway the attachment points, as I linked both ends.

¡Más lejos!

Samedi le 12 mars 2016
Avec seulement 8 lettres pour deux mots, j’ai choisi cette fois d’essayer de faire seule la mise-à-l’eau. «Más lejos!» – plus loin – aurait dû s’envoler avec facilité mais ce jour-là, la direction du vent était inversée. Mes panneaux se sont engouffrés sous le pont. J’ai remonté le tout et changé de côté de pont pour faire voler mes mots dans le bon sens du vent mais le courant de la rivière lui ne change pas. Et même en raccourcissant autant que possible la longueur des cordes, mes mots trempaient et partaient dans le courant inverse pour à nouveau, s’empêtrer sous le pont. J’ai remonté le tout pour y remettre de l’ordre et reprendre la manœuvre à nouveau de l’autre côté, mais le tout s’est définitivement bien empêtré.
Deux messieurs de Blanca ont observé mon travail. À la fin, ils sont venus me rejoindre sur le pont et nous avons discuté pendant une bonne demi-heure du projet puis d’eux et de leur histoire. Les deux sont amis d’enfance et sont nés à Blanca. Salvi et Rafa vivent maintenant dans une autre ville de la région mais reviennent visiter leur famille à Blanca et se retrouvent à l’occasion. Les deux sont d’avis que des rues devraient changer de nom pour ne plus faire honneur à certains personnages de l’histoire. Plusieurs personnes à Blanca pensent ainsi mais d’autres pensent aussi que l’histoire est ce qu’elle est et que changer le nom des rues n’y changera rien. Souvent, des gens d’une même famille sont divisés sur ce sujet.
De mon bord, j’observe ceci: mes mots ont un sens mais le contexte leur en donne un autre. La rivière coule de son bord mais le vent souffle autrement. Ça s’emmêle et personne n’y comprend plus rien. Aussi la communication m’est difficile, je ne parle pas la langue; écho aux difficultés techniques que je rencontre.
Je persiste à vouloir faire apparaître des mots dits, sur l’eau. Qui les voit? Qui veut cette tribune? Je veux qu’ils flottent jusqu’au musée, mais l’eau les submerge et le courant les fait chavirer. Alors je veux qu’ils partent au vent, mais le vent tombe ou bien se retourne. À chaque essai, je pense avoir compris, j’ajuste et je recommence.
Donc continuons.
Je constate que la rivière n’est pas le cœur de Blanca. C’est Gran Via, la rue principale, qui est le cœur vivant de la ville. Aussi, Blanca est entourée de miradors. J’aimerais déplacer les mots. Comme une étrangère qui cherche à se faire entendre mais ne parle pas la langue, je sautille pour que mes lettres soient vues mais l’on ne les voit pas. Alors je vais les leur mettre en long et en large au-dessus de la ville, à hauteur de lunettes, sur la pointe du nez.
Et maintenant, quelle sera le prochain naufrage?

Saturday, March 12, 2016
With only 8 letters for two words, this time I chose to try to send alone by myself the letters on the water. « Más lejos! » – further away – should have flew with ease, but that day the wind direction was reversed and made my letter panels engulf under the bridge. I pulled everything out and changed side of the bridge to send the panels in the right direction of the wind but the current of the river being the same, and even by shortening as much as possible the length of the strings, my words would glue to the water and take on the current direction to again become entangled under the bridge. I pulled everything out to untangle the strings and resume the operation again on the primary side, but everything was definitely well entangled.
Two gentlemen observed my work. In the end, they joined me on the bridge and we talked for a good half hour of the project and of themselves and their history. The two are childhood friends and were born in Blanca. Salvi and Rafa now live in another city in the region but return to visit their family and meet again. Both believe that some streets should change names to no longer honor some characters of Spain history. Several people in Blanca think so but others think that history is what it is and that changing the street names won’t bring anything better. Often, people of a same family are divided on this subject.
On my side, I see this: my words have meanings but the context gives them another. The river flows in one direction but the wind blows in another. It gets all tangled and nobody understands anything anymore. Also communication is difficult for me, I do not speak the local language; this echoes to the technical difficulties I meet.
I still want to show the given words on the water. But who sees them? Who wants this platform? I wanted them to float to the museum, but the water immersed them and the current made them crash. Than, I wanted them to fly with the wind, but the wind calmed down or turned direction. With each attempt, I think I get it and put myself to work again.
Therefore let’s move on.
I must admit that the river is not the heart of Blanca. Instead, it is Gran Via, the main street, that is the living heart of the city. Also, Blanca is surrounded by miradors. I would like to displace my  operations. Like a foreigner who aims to be heard but doesn’t speak the language, I hops so my letters can be seen but nobody sees them. So I’ll put them above the town, at glasses’ height, at the tip of their nose.
And now, what will be the next wreck?

 

Dessins de Blanca

Lors de mon séjour à Blanca en Espagne, j’ai fais de nombreux croquis, dans mon studio et en déplacements en autobus, en excursion et sur la place du 18 juillet qui est la place de l’église à Blanca.

 

Esperando a German

Mercredi le 9 mars 2016
«Esperando a German» provient d’une jeune fille de Blanca dont le frère a quitté la ville pour aller étudier ailleurs et celui-ci lui manque beaucoup.
Lors de la dernière mise à l’eau un groupe d’adolescentes était rassemblé près de la rivière et avec Jair et Jean-Paul, nous avions discuté avec elles de ce que pouvait susciter l’apparition «Palabras seguras» sur la rivière. L’une a mentionné la naissance de AnaÏs, la dernière-née de sa famille. Une autre disait que les loutres ont quitté le Rio Segura depuis que les gens jettent leurs déchets dans la rivière. Ç’aurait donc pu être: «nutrias a cambio de los residuos»
J’aimais beaucoup l’appel d’une sœur pour son frère de 20 ans. Allait-il revenir à Blanca? Pour Pepete, le premier ami que j’ai rencontré ici, après avoir passé 3 ans ailleurs pour le travail, il lui fallait revenir vivre à Blanca.

Je tente ici encore une fois d’envoyer au vent et sur l’eau des lettres. Cette action nécessite l’aide de plusieurs personnes et je peux donc pas spontanément «lâcher mes mots». Je réfléchis maintenant à d’autres possibilités d’apparitions. Ailleurs dans la ville?

photos: Jean-Paul Kristensen
Accompagnée de / with company of :  Jair Mendez, Ambar Luna Quintanar, Jean-Paul Kristensen  et / and Abraham Hurtado of Centro Negra.

Wednesday, March 9, 2016
« Esperando a German » comes from a girl whose brother left Blanca to study in another city and she misses him a lot.
The last time I did send letters on the river a group of teen girls gathered near by and with Jair and Jean-Paul, we discussed with them of what could mean « Palabras seguras » floating on the river. One mentioned the birth of Anais, the latest new born in her family. Another said that otters had left the Rio Segura since people throw their waste into the river. It could therefore have been « nutrias a cambio de los residuos »
I really loved the call for a sister to her 20 years old brother. Would he return to Blanca? For Pepete, the first friend I met here, after spending 3 years elsewhere for work, he had to move back to Blanca.

I try once again to send letters to the wind and water. This action requires the help of many people and so I can not spontaneously « drop my words. » I now think about other possibilities of appearances. Maybe elsewhere in the city?

PALABRAS SEGURAS 3

Samedi le 5 mars 2016, Palabras Seguras a de nouveau été mis à l’eau. Prête à une envolée au vent, j’avais prévu d’accrocher le train de panneaux de lettres à la balustrade du pont mais nous avons eu peu de vent. Ça a donné l’effet d’un rouleau de papier toilette qui trempait à moitié déroulé dans l’eau. Mais nous avons eu le plaisir d’échanger avec un groupe d’adolescentes qui nous ont volontiers transmis de nouveaux mots et Pepete, ma première rencontre à Blanca m’a fait la belle surprise de nous rejoindre sur le pont.

Merci aux autres artistes en résidence à Centro Negra: Jair Mendez, Ambar Luna Quintanar, Jean-Paul K, Lorenza Manfredi et à Centro Negra avec Elena Azzedin et Miriam Barriga Martinez.
Photos: Lorenza Manfredi

PALABRAS SEGURAS 2

– mots mis en sécurité – mots confiés à la rivière…………………………….. le 24 février 2016

En espagnol SEGURA signifie sécuriser et assurer. La rivière Segura porte un nom qui appelle aux confidences et à la fiabilité. Elle est la grande veine de la vallée. Elle a une texture douce et onctueuse et nourrit d’innombrables vergers d’oranges et de citrons. Elle est à moitié brouillée par les résidus de calcaire.
Puis PALABRA signifie mot; un son qui agit avec des intentions, qui change avec le temps, les nécessités et les provenances.
Nous confions tant de certitudes dans un mot. Pourtant il est seulement ce qu’il est: un moment de clarté, d’espoir, une réalité fluide qui va disparaître, tout comme la fin de sa résonance. Un écho à la rivière. Les mots sont donc paradoxalement significatifs. Ils semblent immuables et durs; ils peuvent blesser. Mais ils ne sont qu’une rivière qui coule et peuvent être émis de façon insignifiante, au passage.

Ainsi il semble que Palabras Seguras puisse refléter les sens de confier et d’affirmation mais ces deux mots portent des contradictions: fluidité et solidité, sécurité et non-permanence. Le fleuve lui-même représente le temps qui passe et tout ce qu’il contient disparaît constamment en dépit du fait qu’il est immuable.

J’ai travaillé fort pour concevoir et construire le dispositif de treuil à manivelle pour manoeuvrer les mots sur la rivière: toute une journée passée à Murcia, des kilomètres de marche dans et hors de la ville, le temps consacré à trafiquer le dispositif pour le solidifier..
Mais après la première tentative, la très forte tension sur les cordes provoquée par l’entrainement des panneaux dans le courant a discrédité mon système. De plus, l’effet visuel est plus intéressant lorsque les panneaux de lettres sont en suspension dans le vent avant d’adhérer à la surface liquide et d’être immergées. Il y a à ce moment moins de tension sur les cordes accrochées à la balustrade du pont, et je suis plus disponible à la rencontre avec la communauté.

Ainsi s’affirme encore plus la non-permanence. PALABRAS SEGURAS réapparaît en miroir sur la rivière qui s’écoule. Les mots flottent au vent. Au rendez-vous à la balustrade du pont de Blanca, comme une ligne de pêche lancée au vent, entre deux cordes, les mots appellent les mots.

photos: Miriam Barriga Martínez

PALABRAS SEGURAS
– Words put in security – words entrusted in the river………………….   February 24, 2016

In spanish SEGURA means to secure and to assure. The river Segura has a name that calls for confidence and reliability. It is the vein of the valley. Its surface has a smooth moving texture and it nourishes countless orchards of oranges and lemons. It is half blurred by the limestone residues.
Then PALABRA means word; a sound that acts with intentions, that changes with time, necessities and provenance.
We entrust so many certainties in a word. Yet it is only what it is: a moment of clarity, of hope, a fluid reality that will vanish just like the end of its resonance. Echoes on the river. Words are paradoxically so meaningful. They seem solid and unchangeable so they can hurt. But they are only a river flowing and can be said insignificantly, on the go.

So Palabras Seguras may reflect the sense of trust and affirmation but those two words carry contradictions: fluidity and solidity, security and non-permanence. The river itself is time passing by and everything it carries constantly disappears despite the fact that the river remains constant.

I worked hard to conceive and build the crank winch device to maneuver the words on the river: a day trip to Murcia, kilometers of walk in and out of the city, time spent to work to solidify the device…
But after the first attempt, the strong tension on the strings caused by the current pulling on the panels discredited my system. In addition, the visual effect was more interesting when the letters were suspended in the wind before sticking to the liquid surface and being immersed. There is then less tension on the strings attached to the railing of the bridge, and I am available to meet with the community.

PALABRAS Seguras reappears mirrored on the river. The words float in the wind. From the railing of Blanca’s bridge, like a fishing line thrown to the wind, between two ropes, words call for words.

En préparation de projet

Le travail que j’effectue présentement à Blanca demande d’établir une communication avec les gens d’ici. Ne pas parler espagnol ne m’avantage pas. Malgré ceci, les gens sont d’une patience incroyable à mon égard et entrent dans la discussion que je propose en essayant de me faire comprendre ce qu’ils veulent dire. La première personne avec qui j’ai établi un contact qui se réitère, est Pepe, que j’ai croisé sur la «Plaza del 18 de Julio» et où je me suis rendue quelques fois pour dessiner. Il m’a expliqué comment les gens perçoivent le fait que la rue «Generalisimo Franco» soit vouée à être changée de nom, suite à une règle que veut appliquer l’état. Les opinions sont partagées à ce sujet. J’ai aussi connu Fabian et Valentina, qui m’ont accueillie dans leur atelier de couture pour réaliser les panneaux de toile qui flotteront sur le Rio Segura. D’origine roumaine, Florian est arrivé il y a une quinzaine d’années à Blanca. D’abord mercier, c’est-à-dire qui réalise divers travaux d’aiguille d’articles qui servent pour l’habillement et la parure, il a fait divers boulots avant de choisir de s’installer à Blanca. Sa compagne Valentina est alors venue l’y rejoindre il y a une dizaine d’années. Ils ont un fils de 17 ans. Je leur ai demandé comment la communauté de Blanca les avaient accueillis et tous les deux affirment qu’ils ont trouvé ici une place où ils se sentent chez eux. C’est plus qu’un coup de main que j’ai reçu de leur part (Florian, méticuleux, s’est affairé aux machines à coudre et au fer et en deux temps, trois mouvements, le boulot fut vite et magnifiquement fait) par une discussion détournée (Valentina comprend l’anglais, me répond en espagnol, et me précise ce que dit Florian en espagnol) c’est leur vrai perception de l’Espagne qu’ils ont pris le temps de m’expliquer. C’est donc en hommage à ces personnes que je mettrai à l’eau mardi à 17h local, les premiers mots sur le Rio Segura.

Samedi le 13 février dernier, à Murcia.
À 7h48, j’ai pris l’autobus Blanca-Murcia qui met 1h20 par trajet. J’y suis allée pour trouver du matériel et aussi pour me ravitailler en produits bio que je ne trouve pas à Blanca. J’avais noté sur internet toutes les quincailleries et magasins de chasse et pêche susceptibles de détenir une bobine à manivelle, soit de pêche, soit pour boyau d’arrosage, soit un treuil de remorquage.. J’ai marché plus de 10 km à Murcia pour trouver la manivelle en question. Une pas si bonne information m’a fait marcher jusqu’à un secteur hors la ville, où l’établissement en question était fermé ce jour-là. Un samedi, quelle folie! J’ai honte de dire que j’ai trouvé chez Leroy-Merlin, une sorte d’Ikea-Home-Depot français en périphérie de Murcia, mais du côté opposé de la ville. Bon, il fallait..
Puis je me suis chargée à bloc de mes achats bio avant de reprendre le bus de 20h pour Blanca.

Hier, j’ai peint les lettres du premier lemme de mon projet. Aujourd’hui, j’ai préparé la manivelle qui servira de treuil à l’installation. La mise-à-l’eau est pour bientôt.

Rue Generalisimo Franco

Rue Generalisimo Franco

monument à Franco

monument à Franco

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Travail de préparation